Dans le cadre des rencontres professionnelles de l’édition 2021 du festival Togoville Jazz, Cyriaque NOUSSOUGLO, Secrétaire général de la commission nationale de la Francophonie fait l’état des lieux et pose le diagnostic du développement des industries culturelles et créatives en Afrique en général et au Togo en particulier. C’était le mardi 5 mai 2021 dernier à l’Institut Français du Togo.
Sur invitation de Mawuto Dick, directeur du festival Togoville Jazz, le secrétaire général de la commission nationale de la Francophonie a animé une conférence-débats sur les industries culturelles et créatives en Afrique et au Togo plus précisément.
A ses propos, l’état des lieu laisse apparaitre une santé très fragile des industries culturelles et créatives en Afrique notamment au Togo, qui autrefois dans les années 1980 était la plaque tournante du show biz en Afrique de l’Ouest avec des studios d’enregistrement de grandes factures (Otodi) pour l’enregistrement des artistes et le suivi des carrières internationales en musique avec la salle mythique et emblématique du Palais des Congrès de Lomé.
A l’heure du bilan, les signaux sont au rouge, fait remarquer le conférencier. Il préconise pour le rayonnement des industries culturelles et créatives (ICC) une priorisation du secteur culturel par les gouvernants avec une mise en place de mécanismes innovants.
Il suggère par exemple le prélèvement de taxes sur la téléphonie mobile comme c’est le cas au Cap-Vert pour soutenir les ICC. Pour lui une batterie de mesure s’impose pour que les icc en Afrique soit au rendez-vous de la création de la richesse. Il s’agit de la construction des équipements culturels, l’encouragement du mécénat par des mécanismes fiscaux incitatifs bien encadrés, etc.. Il faut aussi construire des infrastructures culturelles telles que les salles de spectacles ou de répétition, accompagner les centres culturels privés, former les ressources humaines, promouvoir la coopération culturelle internationale, accompagner et soutenir des initiatives de porteurs de projets.
Autant d’actions qui permettront aux Icc sur le continent de contribuer sensiblement au PIB comme dans les économies des pays du Nord. Il explique en ces termes : « Si l’on sait que les industries culturelles génèrent aux Etats du Nord énormément de ressources financières et contribuent à plus de 7% au PIB et à la création d’emplois de ces États contre 1% en Afrique, il y a lieu de s’interroger sérieusement ».
Avant de mettre un terme à son intervention, il se pose la question de savoir, pourquoi les pays africains qui ont pourtant des secteurs culturels dynamiques n’arrivent pas à faire décoller une véritable économie de la culture comme le Nigeria ou l’Afrique du Sud l’ont fait pour le cinéma ? A quel moment pourrions-nous positionner sérieusement nos secteurs et entreprises culturels pour préserver nos innombrables richesses culturelles ? Hélas, Il reste malheureusement encore du chemin, conclut-il.